Les cigales dâaurore entament Ă peine leur chant quand lâĂ©critrice pĂ©nĂštre dans le Thottoht. Un vent chaud Ă©rode ses murs de pierres blanches. Ă lâintĂ©rieur, le son de bruine laisse place Ă un mantra grave et feutrĂ© qui enveloppe lentement lâĂ©critrice tandis quâelle quitte ses lunettes de pluie. Il nây a personne pour lâaccueillir. Pendant quelques instants, elle savoure lâidĂ©e que ce lieu clos quâelle occupera quelques jours, nâait jamais Ă©tĂ© habitĂ© que par ses prĂ©dĂ©cesseurs.es. Elle avait Ă©tĂ© choisie pour produire lâunique famille typographique de lâannĂ©e, qui rejoindrait le panthĂ©on des caractĂšres de lâĂ©criture commune dĂ©jĂ produits. Loin dâĂȘtre inquiĂšte, lâĂ©critrice ne ressent pas le poids de la tĂąche qui lui est confiĂ©e. Au contraire, lâentrĂ©e dans le bĂątiment la fait se sentir chez elle. Elle a lâimpression de retrouver une famille qui lâaurait depuis toujours accompagnĂ©e en secret.
Une fois ses bottes retirĂ©es, elle enchaĂźne machinalement les salutations rituelles puis monte les escaliers menant Ă lâespace de crĂ©ation. De marche en marche, les murs noirs et granuleux laissent place Ă un espace lisse et bĂ©tonnĂ©, parsemĂ© dâĂ©clats de pierre rouge dont la dispersion hasardeuse forme parfois des sigils censĂ©s lui porter chance. Lâair est tiĂšde et la musique latente finit par devenir si naturelle quâelle ne lâentend plus, passant de son conscient Ă son inconscient, tandis quâelle glisse sur les derniĂšres marches comme si elle flottait. LâĂ©critrice pose enfin le pied sur la mezzanine circulaire. Le sol est renfoncĂ© au centre en un cercle concentrique. Au milieu de ce cercle est installĂ© le terminal, un ordinateur unique destinĂ© au rituel quâelle sâapprĂȘte Ă accomplir. Elle contemple lâespace de crĂ©ation construit spĂ©cialement pour elle: ni lâamĂ©nagement, ni la dĂ©coration, ni le terminal nâavaient jamais Ă©tĂ© les mĂȘmes, pas une seule annĂ©e identique. Chaque Ă©criteur·ice supposait une rĂ©invention complĂšte, Ă lâexception de lâalgorithme consacrĂ© prĂ©sent dans le systĂšme de lâappareil.
LâĂ©critrice se laisse aller Ă la rĂȘverie. Elle pense aux gens qui, 200 ans auparavant, inventaient comme elle des nouvelles itĂ©rations dâĂ©critures. MalgrĂ© le gouffre thĂ©orique qui sĂ©pare leurs Ă©poques, elle se sent proche dâeux. Elle sâamuse Ă imaginer expliquer la thĂ©orie typographique contemporaine Ă des adelphes du XXe siĂšcle : «Une fois par an, une personne volontaire est tirĂ©e au sort parmi une liste de prĂ©tendants typographes, qui doivent pouvoir justifier dâavoir dĂ©jĂ produit une stase : un caractĂšre complet dâune seule dĂ©clinaison reflĂ©tant une singularitĂ© forte. Cette stase, personne Ă part son concepteur ne doit jamais lâavoir vue. Elle est considĂ©rĂ©e comme sacrĂ©e et mĂȘme lâĂ©criteur·ice nâest pas autorisĂ© Ă lâutiliser pour composer un texte. Mais ce premier caractĂšre nâest quâune chrysalide. AprĂšs une cĂ©rĂ©monie de dessin en transe, il donne naissance au prisme, une famille de 22 dĂ©clinaisons toutes issues de dessins altĂ©rĂ©s de la stase. Si la conception de la stase demande au dessinateur de grandes connaissances historiques et techniques, le processus dâĂ©closion est, lui, une expĂ©rience sensible et non plus pratique. Une poĂ©tique de la forme de lâĂ©criture.»
LâĂ©critrice sort de sa rĂȘverie. Elle sâavance vers le terminal, traversant la piĂšce recouverte dâun tapis de latex noir et connecte Ă lâordinateur sa stase qui apparaĂźt maintenant Ă lâĂ©cran pour la premiĂšre et derniĂšre fois. AprĂšs le rituel, il sera impossible de revoir le caractĂšre dâorigine. LâĂ©critrice gnose le dessin, centre son souffle et entre dans une attention pure de ce qui lâentoure, Ă lâextĂ©rieur comme Ă lâintĂ©rieur. Lâodeur des tapis, les courbatures de ses intercostaux, le grĂ©sillement de lâĂ©cran, le sentiment dâimpatience, les sigils rouges, tout la traverse de la maniĂšre la plus objective possible. Elle craque ensuite lâunique canette de cafĂ© infusĂ©e Ă froid posĂ©e prĂšs du terminal et imprimĂ©e de caractĂšres du dernier prisme crĂ©Ă©. La liste des ingrĂ©dients lui parle : Camomille, Calea, Agastache, Mimosa, et bien entendu Peyote. Ce sont les molĂ©cules du cactus hallucinogĂšne qui vont lui permettre dâentrer en contact avec ceux Ă mĂȘme de la guider pour crĂ©er le prisme de cette annĂ©e. Elle porte la canette Ă ses lĂšvres et apprĂ©cie le breuvage par petites goulĂ©es, tout en se concentrant.
Lentement, sa perception de la lumiĂšre change. Du gris et noir qui lâentourent, commencent Ă poindre de petits Ă©clats lumineux, dâabord en pĂ©riphĂ©rie de sa vision puis autour de lâĂ©cran, jusquâĂ lâhabiter complĂštement. Elle nâest pas Ă©trangĂšre Ă ces Ă©tats modifiĂ©s de conscience qui font aussi partie, dans une certaine mesure, du processus de dessin de la stase.
Sans quâelle puisse dire combien de temps sâest Ă©coulĂ©, les bribes de lumiĂšres psychĂ©dĂ©liques laissent enfin apparaĂźtre les rhizomes, dizaines de petits ĂȘtres Ă lâapparence cellulaire composĂ©s de caractĂšres aux couleurs changeantes. Ils frĂ©tillent, en guise de salutation Ă lâĂ©critrice, tout en lui chuchotant de belles incantations. Leur brouhaha, pareil aux craquellements Ă©thĂ©rĂ©s du pas des fourmis, amuse lâĂ©critrice qui joue Ă leur rĂ©pondre. Un dialogue non verbal sâinstalle tandis que les rhizomes naviguent en danse autour de la stase affichĂ©e Ă lâĂ©cran. Leur concentration finit par se faire plus dense autour des Ă©lĂ©ments dâinterface de crĂ©ation, si simples quâils ne sont composĂ©s que de deux curseurs, manipulables Ă distance par un mouvement des mains. Le rituel de crĂ©ation Ă proprement parler peut commencer.
Personne nâĂ©tait plus certain de comment lâalgorithme venait modifier la stase uploadĂ©e. Les rĂ©sultats Ă©taient toujours diffĂ©rents, rendant complexe la comprĂ©hension dâun motif. En commençant Ă bouger les curseurs, les glyphes Ă©taient pris comme dans une tempĂȘte, parfois calme, parfois violente, capable de dĂ©chirer leurs contours comme de les polir. Le dessin de la stase restait reconnaissable pour celui qui en Ă©tait Ă lâorigine, mais il serait absolument impossible pour le lecteur futur dâarriver Ă retrouver le dessin originel. Il Ă©tait cependant Ă©vident que tous les rĂ©sultats Ă©taient sous-tendus par une structure commune prĂ©sente de maniĂšre fantomatique.
Ă chaque mouvement de curseur, une nouvelle version gĂ©nĂ©rĂ©e apparaĂźt sur le terminal, toujours unique, et finit par faire entrer lâĂ©critrice dans un labyrinthe de formes dans lequel elle doit sâorienter. Quand elle hĂ©site dans le choix dâune dĂ©clinaison, les rizhomes lui viennent en aide. Par groupes, certains semblent discuter entre eux, dâautres parlent directement avec les caractĂšres gĂ©nĂ©rĂ©s au fur et Ă mesure quâelle les passe en revue. De temps en temps, une des petites crĂ©atures approche lâĂ©critrice pour la tenir au courant de lâavancement de leur rĂ©flexion. Si elle naviguait au dĂ©but Ă lâinstinct, ce nâĂ©tait quâune mise en bouche de lâĂ©tat de flow qui Ă©tait visĂ©. Dans cet Ă©tat de pur Ă©lan vital, plus rien nâest choisi au hasard et elle trouve intuitivement les meilleurs rĂ©sultats possibles. Ses pressentiments ne sont plus une faible lumiĂšre destinĂ©e Ă lâorienter dans un ocĂ©an noir inconnu mais deviennent une carte aussi prĂ©cise que possible. Elle a 22 dĂ©clinaisons Ă choisir et elle les choisirait en pleine conscience. Il fallait que chacune soit unique, une sorte dâhĂ©raut Ă la personnalitĂ© marquĂ©e, tirant parti des rĂ©sultats expressifs que permettait lâalgorithme. Chaque proposition Ă©tait une rencontre, un speed-dating mĂ©taphysique. Certains dessins effraient lâĂ©critrice, tandis que dâautres lâattendrissent. Certains sont mystĂ©rieux, dâautres plus Ă©loquents.
Elle est prĂȘte Ă choisir le premier caractĂšre et les rizhomes semblent approuver son choix. Un caractĂšre simple, mais qui serait une bonne porte dâentrĂ©e pour la famille. LâĂ©critrice le valide et le premier nom de dĂ©clinaison apparaĂźt : ăFoolă.
Ce qui donne Ă la culture typographique contemporaine sa particularitĂ©, ce nâest pas tant son mode de production inhabituel, mais lâutilisation qui est faite des prismes. Si au 21e siĂšcle la lecture Ă©tait de type hiĂ©rarchique (on sâorientait dans un texte grĂące Ă une hiĂ©rarchisation de lâinformation rendue possible par les caractĂšres), la lecture dâaujourdâhui est principalement archĂ©typale (on sâoriente dorĂ©navant dans le texte via des archĂ©types Ă©motionnels portĂ©s par les caractĂšres). Pour ce faire, lâĂ©criteur·ice associe Ă chaque dĂ©clinaisons de sa stase un archĂ©type du Tarot dit «divinatoire». La dĂ©clinaison ăFoolă par exemple, portait en elle lâarchĂ©type Ă©motionnel et sensible de lâĂ©nergie non contrĂŽlĂ©e, du tout possible, comme un caractĂšre gothique du passĂ© avait pu au 20e siĂšcle, par exemple, porter en lui des sentiments liĂ©s au moyen-age. Le ăFoolă Ă©tait chaque annĂ©e la premiĂšre dĂ©clinaison du prisme. GrĂące Ă lâinterface rituel, lâĂ©criteur·ice Ă©tait libre dâen choisir lâesthĂ©tique, et pouvait autant lui donner un air sombre, riant, moqueur, mou et ainsi le teinter dâune maniĂšre unique et propre Ă son crĂ©ateur. Comme dans le tarot divinatoire, chacune des dĂ©clinaisons nâexistait pas de maniĂšre isolĂ©e par rapport aux autres. Choisir un ăFoolă malĂ©fique avait certes des consĂ©quence sur la dĂ©clinaisons en elle-mĂȘme, mais aussi sur tout le tissus de relation de sens que la dĂ©clinaison allaient entretenir avec les autres membre du prisme. CâĂ©tait lĂ oĂč ce systĂšme devenait Ă la fois complexe et magique: le but de lâĂ©criteur·ice nâĂ©tait pas de simplement travailler des esthĂ©tiques, iel crĂ©aient un petit univers de relations dĂ©dalĂ©ennes, qui serait ensuite intĂ©grĂ© Ă lâensemble des autres prismes dĂ©jĂ produits, dont la rencontre produirai un nouveau rĂ©seau de relations sĂ©mantiques inĂ©dits et impossible Ă prĂ©voir, tous unient dans une esthĂ©tique cohĂ©rente qui leur permettaient dâĂȘtre utilisĂ©s ensemble. Et pour donner dâautant plus de force Ă ce jeu dĂ©jĂ si subtil, une et une seule personne Ă©tait autorisĂ©e chaque annĂ©e Ă produire un prisme, le rendant ainsi prĂ©cieux et porteur dâune aura puissante.
LâĂ©critrice va maintenant pouvoir passer au ăMagiciană. Lâinterface mouline, entend lâordre et passe au caractĂšre suivant, en incrĂ©mentant une barre horizontale dâune unitĂ©. Au fur et Ă mesure quâon avance dans la sĂ©lection de la famille, lâalgorithme de modification de la stase change aussi selon un paramĂštre appelĂ© le niprat. Les curseurs de base semblent continuer Ă avoir le mĂȘme type dâaction, mais les rĂ©sultats varient des dĂ©clinaisons prĂ©cĂ©dentes de par un paramĂštre difficile Ă dĂ©finir. Câest comme si les courbes Ă©taient de plus en plus prĂ©cises. De plus en plus denses, craquantes et angulaires.
Pour des yeux de nĂ©ophytes â quand les enfants apprenaient Ă lire par exemple â cette variation nâĂ©tait pas facile Ă dĂ©celer, mais rien nâĂ©tait plus simple pour des yeux entraĂźnĂ©s. Comme il avait Ă©tĂ© simple Ă une personne du XXe siĂšcle de noter la diffĂ©rence entre un caractĂšre avec et sans empattement, nâimporte quel adulte en train de lire savait instinctivement si le caractĂšre sous ses yeux Ă©tait la 1e, 10e, ou 16e dĂ©clinaison du prisme â autrement dit, les versions ăMagiciană, ăHanged-Mană ou ăToweră â colorant discrĂštement la phrase de sentiments complexes.
Cette capacitĂ© du texte Ă pouvoir ajouter au sens dâune phrase des Ă©motions liĂ©es Ă lâarchĂ©type du tarot choisi, avait crĂ©Ă© une discipline de lâĂ©criture ainsi appelĂ©e prismatique. Dans son Ă©diteur de texte, une personne avait gratuitement Ă sa disposition plusieurs milliers de caractĂšres et pouvait choisir des variations typographiques prĂ©cises afin de teinter des pages entiĂšres, certains mots prĂ©cis, certaines lettres, parfois la ponctuation elle-mĂȘme, et ainsi crĂ©er des combinaisons de sens inattendues. Il Ă©tait possible dâĂ©crire son texte comme un monologue archĂ©typal, tout comme on pouvait faire intervenir des dizaines de masques diffĂ©rents, tous chantant en cĆur un mĂȘme discours.
Ces jeux sĂ©mantiques avaient Ă©tĂ© particuliĂšrement investis par les auteurs·trices littĂ©raires. Si la plupart utilisaient les prismes de maniĂšre plutĂŽt ordinaire, dâautres sâĂ©taient dĂ©marquĂ©s par de rĂ©elles aventures typographiques. Annăą~Kos, par exemple, avait composĂ© une saga tragique sur la vie dâun chien amnĂ©sique et immortel, tĂ©moin de lâĂ©ternelle mort de ses maĂźtres, uniquement en dĂ©clinaisons ăToweră de 200 prismes diffĂ©rents, arpentant lâinfini effondrement de sa rĂ©alitĂ©. Razcul[Grntr] avait relancĂ© le style essoufflĂ© des romans noir en crĂ©ant des intrigues Ă supercheries en couches, baladant le lecteurs crĂ©dule Ă travers des dĂ©dales dâindices et contre-indices subtiles dont il Ă©tait impossible de dâanticiper le dĂ©nouement avant la fin du livre. S:)l1tSBC avait Ă©tĂ© quant Ă lui Ă©tĂ© Ă lâorigine dâun regain dâintĂ©rĂȘt pour les techniques Kabbalistes en donnant naissance au plus grand rĂ©cit poĂ©tique mĂ©taphysique du XXXe siĂšcle. Chaque personne souhaitant se procurer lâouvrage Ă©tait soumise Ă de longs entretiens cĂ©rĂ©moniques de psychologie en Ă©tat de conscience modifiĂ©e. Ces entretiens permettaient par algorithmes, dâassigner Ă chaque strophe une dĂ©clinaison de prisme prĂ©cis, confĂ©rant Ă son lecteur la possibilitĂ© de produire une exĂ©gĂšse mystique qui rĂ©pondrait Ă ses propres questionnements intĂ©rieurs.
Du cĂŽtĂ© des sciences, on avait Ă©tĂ© surpris de dĂ©couvrir que lâĂ©criture par prisme permettait de rĂ©soudre des problĂšmes jusque-lĂ insolubles. LâintĂ©gration dans les formules de certaines dĂ©clinaisons typographiques avait par exemple permis au mathĂ©maticien Obr&Kls de rĂ©soudre lâHypothĂšse de Riemann, ce qui avait donnĂ© naissance Ă toute une nouvelle branche des mathĂ©matiques basĂ©e sur lâutilisation de la typographie contemporaine. Mais câĂ©tait surtout les sciences sociales et anthropologiques qui avaient le plus profitĂ© des prismes, puisque chaque publication pouvait maintenant sâapprocher plus prĂ©cisĂ©ment que jamais de lâambiguĂŻtĂ© inhĂ©rente Ă la complexitĂ© de lâĂ©tude des vies humaines et animales. En lâespace de quelques annĂ©es, elles avaient tellement eu dâimpact sur la sociĂ©tĂ© que la pĂ©riode 3045-3050 Ă©tait aujourdâhui enseignĂ©e sous le nom de la « fontaine blanche sociale ».
DĂ©sormais, on avait conscience du dĂ©calage entre lâapparente neutralitĂ© des lettres et la subjectivitĂ© du discours humain. LâĂ©criture nâĂ©tait plus un gobelet de cristal, mais un graal dâobsidienne.
10h se sont Ă©coulĂ©es depuis que lâĂ©critrice a entamĂ© la cĂ©rĂ©monie. En passe de choisir la derniĂšre dĂ©clinaison de son prisme, elle sent que le pic dâeffet du Peyote est atteint. Face au terminal, elle est maintenant sĂ»re de la dĂ©clinaison a selectionner pourăWorldă, lâarchĂ©type final de la conclusion, de la perfection et de lâaccomplissement. Elle tiens Ă profiter encore quelques instants du sentiment ocĂ©anique qui lui a permis de faire Ă©clore sa stase en prisme. Elle sait quâil ne lui reste plus quâĂ valider son choix pour que la cĂ©rĂ©monie prenne fin. Les rhizomes ne sont plus Ă©parpillĂ©s et ne forment plus maintenant quâun grand ĂȘtre fait de milliers de lettres, qui entoure la derniĂšre dĂ©clinaison comme lovĂ© contre elle, prĂȘt Ă baptiser la famille typographique pour la faire entrer dans le grand complexe de lâĂ©criture commune. De leur crĂ©pitement familier, les rhizomes entonnent le chant final, scandant le nom du nouveau prisme comme un mantra : Jester !ÂĄ Jester !ÂĄ Jester !ÂĄ